The Tiger Lillies "Despite"
28.11.14 : The Tiger Lillies
Dans la rue déserte de Nanterre, avec les tours de la Défense tout près en arrière-plan. Je longe une cité. Il y a du brouillard, il fait nuit, le bus m’a craché. Je cherche la salle de spectacle. Qui diable irait jouer là dans cette zone tampon sans âme ? Un peu de lumière, un bâtiment de béton, plus personne dans l’entrée, je dérange l’ouvreuse qui me dit que c’est commencé, puis le vigile qui m’ouvre la porte.
Un homme au piano. De fines fumées montent de la scène, il est accompagné d’un autre à la scie musicale et d’un batteur. Il pianote, le visage penché, le chapeau melon penché, les yeux peinturlurés de noirs, le reste peinturluré de blanc. Il joue et chante. Une voix sortie des limbes, d’un endroit qu’on imagine mais qu’on n’atteint pas, une voix de bon ou mauvais génie… quelle douleur nous transmet-il ?
Cet homme chante avec une autre voix que la sienne, se maquille pour échapper à son propre visage. C’est un être qui s’échappe. Un castra baroque mâtiné d'Orange Mécanique.
L’audience est assise par terre, l’espace est confiné, dedans se joue les tragédies des poètes morts au front. Dans cette petite salle coincée entre des bretelles pour voies rapides un petit cabaret joue. Il y a une écoute de fou, qui l’aurait cru en passant devant par hasard parce qu’on s’est un peu perdu.