12.10.08 : Arrivée au milieu de l’histoire
Très excité je suis.
En partance pour New York.
Dans l’avion à deux étages, à plusieurs rangées. Un écran devant moi avec des films au choix. Les gens qui les regardent, des familles de toutes origines font le voyage. Beaucoup de Juifs orthodoxes avec chapeau et papillotes. Je potasse un peu mon guide. A l’écran il reste 6 h 18 de vol, la position de l’avion y est également montrée, on est au-dessus de l’Atlantique, ça m’impressionne, j’aimerais voir un petit bout de mer, mais je ne peux pas, ça reste abstrait.
Ma vision du monde va bientôt changer.
Ca y est, j’écris de ma chambre d’hôtel, dans Manhattan.
Service impec dans l’avion. J’ai regardé "Hulk", le début de "2001 : l’Odyssée de l’espace" et écouté "E.S.T".
Arrivée avec prise d’empruntes, etc.
Train de banlieue, métro, on se dit que comme à Paris les quais de gare aux abords des aéroports ne sont pas très drôles. C’est vrai, on aurait pu être sur un quai vers Roissy.
Progressivement le métro se remplit, une population très mixée : noirs, latino, asiatiques, blancs… Je trouve l’ambiance assez popu, il était 20 h et ce n’était pas le style costard cravate qui rentre du travail que l’on peut trouver à Paris sur certaines lignes à cette heure-là. Mais ce n’était peut-être pas la bonne direction pour ça.
Un jeune type qui est assis face à nous porte une casquette Yankees, l’équipe de baseball de New York, avec le fameux logo aux initiales NY en blanc sur fond bleu… ce sigle a donc bien une existence propre ici, ce n’est pas qu’une image importée, vide de sens pour un parisien non sportif tel que moi… Il porte des écouteurs, j’entends sa musique, il écoute le dernier M.I.A., c’est marrant c’est un album que j’ai, assez confidentiel en France.
Une femme en face de moi nous regarde à la dérobée pendant tout le trajet.
Une famille latino, très nombreuse, est proche de nous…
Je vois le plan du métro placardé dans la rame, et je me dis qu’on "y est". Et ça me fait toujours cette impression quand je voyage : que j’arrive dans un endroit qui "vivait très bien sans moi". Que là j’y suis, que je vis une réalité, mais que ce quotidien, lui, est "toujours quotidien", que j’y sois ou pas. Bien sûr je sais que le monde vit même si nous on n’y est pas, même si on ne partage pas le quotidien de ce monde, mais je suis toujours frappé par la vie "qui suit son cours" à l’autre bout du monde, et que l’on peut, si on le veut, si on en a les moyens, rejoindre ce monde, sans incidents, sans même que ce soit remarqué…
Ces gens n’imaginent sûrement pas qu’ils sont les premiers visages de la vie américaine que je vois, que je ne les oublierai jamais…
Pourrait-on être du quotidien de tous les endroits du monde ou appartient-on à un seul endroit ?
Sortie du métro, nous foulons le vrai sol de new York. On longe Central Park, je me dis qu’il doit s’y passer des choses la nuit, c’est un vrai bois qui reste ouvert.
Rue calme, nous marchons, nous découvrons, souriants. Au loin quelques gratte-ciel mais nous les voyons peu.
Hôtel. Il est minuit, 6 h pour nous, il est temps de dormir.