29.12.10 : Au-dessus, les dieux
Le jour s’est couché depuis peu. La lumière derrière les montagnes vient de s’éteindre à petit feu. C’est la nuit noire.
Un spectacle se joue sur le bas des pistes, sur la neige. Du balcon c’est beau à voir, de grandes marionnettes gonflées à l’hélium, en suspension à quelques pieds du sol, gigantesques, pas loin de dix mètres de haut, c’est féerique. Ça crée un point de forte lumière dans le paysage sombre des alentours. Un clair-obscur.
Au-dessus, comme un père autoritaire qu’on craindrait, les montagnes, immuables, veillent. Des bribes de brouillard se dessinent mais grosso modo on ne voit rien. On devine juste. Que la force est là-haut, que la menace vient des hauteurs, comme la protection.
J’imagine toute la réalité vue le jour sur mes skis, devenir différente et en même temps identique la nuit – les télésièges sans personne, les pistes sans combinaisons fluos. Le souffle du vent, le froid qui conserve la neige. Les animaux qui sortent enfin.
La nature reprend les droits qu’elle n’a jamais perdu. Ça durera jusqu’au matin où les humains remonteront sur le ventre du géant, qu’il tolère car ce sont de petits humains et qu’il faut bien qu’ils se fassent plaisir.