7.4.10 : De bon matin
Toutes, sans exception.
Cette semaine d’avril printanier. Dans les beaux quartiers de la capitale. Comme je cherche un nouvel atelier et qu’il n’y a pas d’annonces, j’utilise le système D et fais du porte à porte. Je demande aux concierges s’il n’y a pas un espace libre dans leur immeuble.
Cette escapade m’a rappelé Lisbonne, le matin, sous le soleil, l’odeur du produit d’entretien mêlé à l’air frais et chaud, ces femmes sur le pas de l’immeuble passant le balai brosse ou le jet d’eau, alors que la vie prend forme alentour, les travailleurs en costume entrent, les belles voitures s’arrêtent, les rendez-vous d’affaires se font autour d’un café à une terrasse.
Et ces femmes, toutes, sans exception, m’ont bien accueilli, écouté, renseigné. D’une gentillesse évidente. Lisbonne. Portugaises pour la plupart. Pas étonnées de ma demande, se creusant la tête souvent pour une solution, m’envoyant ici ou là.
Je voyais parfois la loge où elles vivent, très petite, mais le sourire, très grand.
Aux antipodes du regard inquisiteur de certains habitants qui, inquiets, me voyaient tenter d’ouvrir la porte cochère et tapoter le digicode en vain. Ce regard suspicieux, effrayé de ma tentative de dérober leur trésor… Quelle tristesse, ils la portent sur leur visage. Leur argent les a enfermés dans un coffre-fort dont la combinaison a été oubliée.
Et c’est ainsi, grâce à une concierge à la voix tuée par le tabac, que j’ai trouvé mon nouveau local. Des colonnes ioniques ornent le hall d’entrée mais à mon étage c’est plus simple, les murs s’effritent et les gens sont très modestes, mais leur sourire est, là encore, radieux.
Toutes les bonnes choses ont une fin, un an et demi dans un superbe atelier s’achève, je ne remercierai jamais assez Louise de sa générosité pour cette période. Mais l’aventure continue, ailleurs pour moi, et avec moins de poussière et plus de mots pour ce bel appartement sur cour. Sans doutes va-t-il mieux respirer.