29.12.08 : I love you
Vu "I love you" de Marco Ferreri. Un grand film assez ignoré aujourd’hui. Je me souviens qu’il y avait du bruit à sa sortie parce que Christophe Lambert, parce que Ferreri scandaleux, etc. Mais depuis, silence radio. C’est injuste à mon sens, je trouve que c’est un très grand film.
À la Ferreri, c’est-à-dire qu’on retrouve les ambiances de ville en construction / démolition, qui lui sont chères. Son style "concret" également, rugueux. De même que l‘élément dévastateur, la "trouvaille", qui va marquer son film au fer rouge. Une fois trouvé cette idée puissante, il me semble que ce qui suit, ce qui se trouve dans son sillage est forcément bon.
Les situations ont souvent quelque chose d’irréel, mais c’est cette incongruité (de dialogue, de scénario, d’image) qui fait la force de ce cinéma, je pense au King Kong à côté de Depardieu sur la plage de "Rêve de Singe" par exemple…
Dans "I love you", tout tient dans le synopsis : un homme qui tombe amoureux de son porte-clé qui dit "I love you" quand il le siffle. C’est aussi simple que ça. Mais n’est-ce pas déjà énorme ? Faire tenir un film là-dessus ?
L’aspect stérile, vain de l’histoire est parfaitement rendu et trouve écho dans des milliers de choses. Cet homme est entouré de femmes qui le désirent mais son désir à lui est entièrement tourné vers cette voix électronique. Il en devient malade.
C’est un film où la télé est toujours allumée, où son meilleur ami est au chômage et passe des entretiens d’embauche sans succès. Le film a plus de vingt ans.
Tout ceci n’est qu’une petite partie de la richesse du film, que je n’ai qu’entraperçue. Mais je tiens ce scénario, cette "simple" idée comme géniale.
Je me souviens qu’à l’époque de sa sortie j’avais huit ans, c’était effectivement la mode de tous ces petits gadgets, porte-clé qui font de la musique, j’en étais fan. Ferreri était en plein dans son époque et malgré tout le propos est vraisemblablement atemporel.