10.10.10 : Pierres et visages
Je croise tous ces immeubles Art Nouveau avec leur porche surplombé de visages féminins. Et je trouve ces visages bien souvent touchants. La coiffe est représentative de l’époque à laquelle elle a été sculptée, fin XIXème / début XXème. Et je rêve à ces belles poseuses qui viennent dans l’atelier du sculpteur, ouvrières peut-être, muses à leurs heures. Je rêve à ces jeunes femmes en couleur qui se vêtent d’une étoffe évoquant la douceur – le Symbolisme n’est pas loin. À ces jeunes femmes tout en cheveux, tout en jeunesse, qui sourient faiblement. À qui on fige le visage dans la pierre, à qui on ajoute des fleurs.
Quand je me pointe sous ces porches et que je les regarde dans les yeux, je les ressens, elles me font impression, elles m’émeuvent.
Ce qui me touche aussi c’est qu’elle ne sont plus. Leurs joues roses, leur peau blanche, leur regard vif, il y a bien longtemps qu’il est sous terre. Mais elles vivent toujours, là, sur l’avenue, elles sourient à de nouvelles générations, elles sourient à tous les siècles. Dorian Gray au féminin. J’imagine encore leur avenir et ça me transporte.