26.9.10 : Coeurs et visages *
Peut-être que chaque visage dessine les contours d’un caractère unique. Les traits, la couleur de cheveux, des yeux, etc, seraient la forme physique d’une multitude de traits de caractère. Comme chaque visage est unique – au même titre que des empreintes digitales – chaque caractère individuel le serait aussi.
À un concert, debout dans la fosse, en attendant qu’il commence, j’observe tous ces gens. De toutes les tailles, de toutes les corpulences, de toutes les couleurs. Pas un identique (j’ai bien regardé). On en revient à ce que l’individu est profondément, à ce que le physique exprime de manière plus ou moins symbolique : l’unicité.
Petit, à la Cité des Sciences, j’étais passé devant une machine qui enregistrait les caractères physiques en détail. Il fallait indiquer, sur une dizaine de possibilités, la couleur de sa peau, de ses yeux, la forme de son nez… À la fin l’ordinateur calculait le nombre de personnes ayant entré exactement les mêmes critères que moi. Étant donné le nombre important de questions, le chiffre était très bas. Et dans cette rareté, j’imaginais une fille de mon âge me ressemblant, quelque part, et je me disais que j’aurais aimé la rencontrer et que d’emblée je me serais senti proche d’elle.
Aujourd’hui les lourds ordinateurs des années 80 se sont transformés en sites internet de rencontres.
Le concert commence, au bout de quelques instants tout le monde saute, hurle, les peaux transpirent, les odeurs se mélangent, les individus se transforment en un grand tout.
* Ce titre est tiré de celui du très beau livre d’Emmanuel Bove, qui s’amuse à scruter l’abîme entre les gestes et les sentiments qu’ils dissimulent.