9.3.10 : Vitrines animées
Les métros sont des vitrines à travers lesquelles on verrait des gens. Les vitrines d’un magasin de gens. Là le cadre, là le touriste, là la retraitée, là l’écolière, là le type pas drôle, là la jolie fille… Ils s’exposent, tous, inconscients de la vitre (il est vrai qu’elle est transparente) qui me les présente. Chacun dans ses pensées, ignorant d’être ainsi exhibé, acteur de lui-même sans le savoir. Comme des tomates qui jouxteraient des navets sur un étal d’épicier, tous se côtoient, et les plus différents, dans un certain laisser-aller naturel.
Naturel du silence aussi, on se côtoie, on est proche, mais on ne se parle pas. Proximité anémiée.
Et je repense à cette déclaration de mon petit pote Nicolas, quand j’étais enfant, il devait avoir six ans et on lui demandait ce qu’il voulait faire plus grand :
-D’abord j’aimerais être fromager, et puis après fleuriste et après être un gens.
-Un gens ? Qu’est-ce que c’est ?
-Bah être juste un gens quoi, comme papi et mami, c’est juste des gens…