12.3.07 : Film muet, comédie
En bas de chez Céline il y a un rade chinois. De la fenêtre on voit les gens manger derrière la vitrine. Les tables sont pleines tout le temps. Je passe la tête à 11 h, les gens mangent, à midi bien sûr ils mangent, et 15 h toujours… c’est comme ça jusqu’à minuit. Des gens qui avalent, à la même table, le même plat, dans la même position. J’imagine ces personnes qui ignorent qu’elles imitent à la perfection leur prédécesseur, j’imagine le cuistot qui n’a pas le temps de rire de la situation, les serveurs qui s’excitent et organisent tant bien que mal l’espace, toujours de la même manière. Je regarde un film muet qui joue sur le comique de répétition. Au bout d’un moment la buée apparaît sur la vitre, la nuit tombe, l’humour est à son comble !
C’est comme les silhouettes sur l’Arc de Triomphe, on les voit marcher, découpées par le ciel. Etant donné que ce n’est pas très haut on distingue bien leurs formes mais elles sont trop loin pour qu’on entende quoi que ce soit. Elles se déplacent sourdement, comme des pantins, tirés par on ne sait quels fils, dans on ne sait quel but. Dans cet environnement de klaxons et de shopping, ces processions ont vraiment aussi quelque chose de comique.
Ah ces gens qui ignorent qu’ils jouent dans de telles comédies !
Et moi, qui écris ces lignes dans le métro, je joue aussi dans un film comique, le combientième suis-je sur ce siège, qui écrit son journal ? Qui se gausse en me regardant ?