24.2.07 : Vies parallèles
Je rentre de chez Mathieu et Rémi qui habitent Saint-Denis. J’ai fait le trajet en vélo et ai traversé Saint-Denis, Saint-Ouen et Clichy, on est samedi après-midi, quelle claque ! Je n’avais jamais vu que c’étaient des villes à ce point noires, maghrébines, et modestes. Une fois entré dans Paris, la population commence à se mélanger un peu plus et au bout de 500 mètres, lorsqu’on entre dans les loyers élevés, il n’y a quasiment plus que des blancs.
On en parlait avant que je parte. Rémi revenait d’une réunion à Londres, dans le milieu de la pub, et disait qu’autour de la table il y avait noirs, chinois, indiens… et qu’en France les mêmes étaient éboueurs. Je disais aussi qu’hier soir lorsque j’allais chez Pascale j’ai croisé un taxi où le passager était noir et le chauffeur blanc et que "malheureusement je l’avais remarqué".
Audrey est instit dans une zone sensible de Saint-Denis, sur 30 élèves elle n’a que deux élèves qui ne sont pas d’origine étrangère. Les autres sont africains, chinois, yougoslaves. Tous sont très pauvres. Pourquoi de tels ghettos, à quelques kilomètres de l’Élysée ?
Ce sont bientôt les élections présidentielles et législatives et ça ne sent pas le changement. Aux extrémités comme toujours oui, mais les extrêmes ne gagneront pas. Donc on reste dans le consensus et il faut voter utile. Pourquoi la France est comme ça ? Pourquoi ne semble-t-elle pouvoir changer qu’avec une révolution ?
L’autre jour j’étais aux Halles avec Pascale, au MacDo, autour de nous il y avait plein de jeunes de banlieues, à eux seuls ils devaient représenter les 3/4 des nationalités mondiales. Et je me demandais comment faire pour que nos vies aient une incidence. A les voir avec leur propre langage, leurs rituels, à imaginer leurs lieux de vie, leurs histoires, leurs sentiments, j’étais en quelque sorte attiré par une telle différence, mais constatais une barrière invisible infranchissable entre eux et moi et me disais que nous menions malheureusement des vies parallèles. Pourquoi vivons-nous ainsi dans un système de castes ? J’ai réfléchi à un moyen de "rencontrer" ces personnes… et n’ai pas trouvé. Si ce n’est par le travail, par le hasard. Certains se rencontrent sur internet - hors des barrières sociales - un lieu virtuel où tout est possible par définition… mais pourquoi ça se passe comme ça ?