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© Julien Chabot.
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9.4.08 : L'Illusion de la profondeur
 

Je visite mon quartier. Les cours d’immeubles. J’aime ce sentiment d’entrer dans une intimité, de voir ce qu’il y a derrière la façade.
Ca fait longtemps que je vis là, c’est quelque chose qui m’a toujours ému les cours intérieures, les jardins secrets, les bouts de campagne en plein Paris. Lire "Les Ruines de Paris" de Jacques Réda.
 
Outre la villa des Platanes qui regorge d’un petit paradis de squares, trop bourgeois à mon goût ; outre le Google Earth qui reste trop lointain que j’applique sur Pigalle ; il y a surtout les immeubles des cabarets érotiques.
 
Le Sexo, le Glamour, le Pussy’s, très relativement clinquants quand on les voit de la rue, lorsqu’on entre dans leur immeuble et que, une fois arrivé dans la cour on voit leur forme entière, leur "fin", le cul du cabaret, on tombe des nues. C’est minuscule. À tel point que je me dis qu’une fois franchi les portes capitonnées de l’entrée il ne reste qu’un pas pour toucher le mur du fond. Les filles sont obligées d’être sur nos genoux.
 
"Girls girls" "sexy show" "sir, please".
Un jour on m’a proposé une passe à 100 francs, on a fini par me la proposer à 5.
Une autre fois, un jeune allemand, en pleur sur un banc du métro Blanche, m’explique qu’il a dû payer son verre de bière 80 euros dans un de ces endroits.
Pendant un temps j’avais repéré une fille – magnifique – qui passait de cabaret en cabaret, sur le boulevard, avec son sac d’ « habits », silencieuse, elle ne saluait pas les rabatteurs lorsqu’elle entrait, elle ne les voyait pas, et réciproquement.
 
Tout ça derrière les portes capitonnées. Tout ça dans un bloc de béton, d’un gris sale quand on le voit de derrière, dans une cour silencieuse, aux contours de portes (de sortie, de service ?) un peu rouillés, bas de plafond, une vraie "boîte". Moi je m’attendais à des palaces, avec des labyrinthes, des backrooms, mais il faut vraiment avoir le sens de l’archi d’intérieur pour créer différentes ambiances dans cette surface.
Là est la vraie pornographie : tout voir. La façade c’est de l’érotisme, voir en plus l’arrière cour on est dans la pornographie.
 
Décevant. Ca ne m’étonne pas. Un peu comme un jeu à gratter, beau en surface, plein de promesse et puis 0 euro, ou bien 2 pour éventuellement rejouer.
N’empêche que moi, les néons, les photos, l’interdit, ça me branche, et même si la vérité est moins reluisante ça m’attire. Les moustiques qui viennent se brûler les ailes et les yeux à la lumière des réverbères ne vivent que 24 heures.
Un matin j’étais passé devant les Folies Pigalle, une porte ouverte, la femme de ménage, salle vide, seau bleu électrique, gants rose fuchsia, et l’intérieur de la boîte, lumière du jour. Le jour et la nuit. Rien de sexy là-dedans. L’envers du décor.
 
Est-ce que tout est comme ça ?
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