18.3.08 : Nocturne du Salon du Livre
Nocturne du Salon du Livre pour le moins agitée. Difficile de faire plus qu’à l’inauguration où Shimon Peres a bien failli trépasser écrasé par le décor du stand Israël, et pourtant…
Habituellement j’aime bien les nocturnes, calmes et en même temps festives, cocktails bon enfant, les équipes des maisons d’édition sont là, plus disposées. Et la fin du salon approche.
Je dis bonjour à quelques amis, stand Vertical, L’Olivier, Stock… Je passe devant le stand Grasset et vois Jean-François Paga, le directeur artistique de la maison, accompagné de Nohemy Adrian (directrice artistique de Denoël) et Valérie Gautier (DA du Seuil), belle brochette de directeurs artistiques ! Je n’aurais pas cru qu’ils se connaissaient. Jean-François me salue de loin et je vais donc le voir, les salue tous, trahissant certainement mon étonnement. "Ça va ? Le salon s’est bien passé ?" Ils me retournent la question, je me plains un peu, leur dit que c’est difficile. Jean- François me demande de l’appeler dans un mois, il se pourrait qu’il ait du travail pour moi ; Nohemy me demande de lui envoyer mes dernières photos car on ne sait jamais. Valérie Gautier fait un signe de la main à quelqu’un, Eric-Emmanuel Schmitt entre en scène, il la salue, nous salue, demande des nouvelles, si les affaires sont bonnes, Virginie répond qu’ils me prévoient du travail, que je suis illustrateur… "Ah illustrateur ! Hier soir je lisais un livre sur Picasso et je me suis dit "pourquoi n’a-t-il pas plus travaillé pour l’édition ?! Il aurait fait de superbes couvertures !". Puis, me regardant, "quel est votre style, jeune homme ?" Je bafouille que c’est relativement réaliste, assez urbain, plutôt nocturne et ose, aidé par le Champagne de L’Olivier, un" je peux vous montrer si vous voulez" et je sors mon book, je lui montre quelques travaux "oh mais j’aime beaucoup ! Vous pouvez me laisser quelques dessins pour que je les montre à des amis bien placés, moi aussi je vous garantie du travail !". Mon book c’est mon book, même si ce sont des impressions de dessins ça m’ennuie de laisser des choses, mais devant la notoriété du bonhomme, je lui dit ok et lui donne cinq dessins qu’il choisit, il m’assure qu’il va les montrer, en parler. Merci beaucoup. Au revoir.
Je continue mon tour.
Quinze minutes plus tard, après avoir été dire rapidement bonjour à quelqu’un d’autre, je repasse devant le stand Grasset. Schmitt et les directeurs artistiques sont toujours là, ensemble, ils rient. Schmitt fait le clown, il joue au jongleur, imite le service d’un tennisman et balance quelque chose qui tombe à mes pieds. Ce sont les dessins que je lui ai laissés, fripés, en boule. Mon sang ne fait qu’un tour, je me dirige vers lui et lui envoie un gros coup de boule, j’ai entendu le nez craquer. Voilà, fracture du pif d’Eric-Emmanuel Schmitt, faut le faire quand même. Pourtant, bien qu’à terre sur le coup il se relève et ne semble pas avoir si mal, il continue même à rire, je me croyais devant Terminator qu’on ne peut pas tuer. Les autres riaient aussi. Schmitt me dit "allez, casse-toi, tu vois pas que tu fais chier tout le monde avec tes dessins, tu te prends pour Picasso ou quoi ?" Je lui réponds "Chie-nous un truc sur Picasso, tu vas encore en vendre 300 000 exemplaires et lui se retournera dans sa tombe à Vauvenargues". Il a voulu riposter, je me suis esquivé, j’ai pris la fuite.
Arrivé dehors, je n’avais qu’une envie, oublier cet épisode, oublier tout. Envie de me dégourdir les jambes, jusque-là paralysées par la situation, du coup, lentement, je les ai mises en branle et ai commencé à les faire marcher…
… comme vous bien sûr…
… en réalité je suis passé au Salon du Livre, mais je ne voyais pas ce que j’y faisais, alors je suis parti au bout d’une demi-heure.