24.4.08 : Images, mirages, ramages
Interview de Sarkozy sur TF1, France 2, etc. Décor mi-pompeux / Empire, mi-high-tech. Mélange hasardeux. Réussi ? Veste bleu sombre, cravate idem, or des moulures, blanc du plateau, pourpres ici… Quand il parlait, le jardin derrière lui s’agitait sous le vent, les feuilles des haies battaient la chamade, à moins que ce ne soit un essaim d’abeilles, ou des moustiques attirés par la lumière des spots. Quoi qu’il en soit on aurait pu penser à des messages subliminaux envoyés au spectateur. "Aimez-moi".
Il me semble même avoir vu l’un des fameux paon passer devant la fenêtre… métaphore parfaite du président qui fait sa parade.
On dit qu’il s’en est relativement bien tiré par rapport au but escompté. Peut-être. Mais c’est de la communication pure.
Extrait qui me fait très peur :
Yves Calvi : Est-ce que dans la transmission des valeurs vous pensez vraiment que l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé comme vous l’avez dit devant le Pape à Rome ?
Nicolas Sarkozy : Oui oh ben ça ils font pas le même travail, je le pense vraiment oui.
Y.C. : C’est pas la même chose dans une république laïque de dire « jamais l’instituteur ne pourra remplacer le pasteur ou le curé…
N. S. : Mais l’instituteur fait un bon…
Y.C. : Vous savez comment on a interprété ces propos, parlons-en simplement, ça a beaucoup choqué.
Patrick Poivre d’Arvor : Est-ce que c’est une remise en cause de la laïcité ?
Y.C. : Oui parce que j’allais vous dire ça ne les aide pas à se conforter dans leur métier.
N.S. : Mais en rien, mais pas du tout, qu’est-ce que j’ai dit ? Quelque chose de très, me semble-t-il, de bon sens et d’assez simple : l’instituteur permet de former des citoyens, enseigne des matières et par ailleurs le pasteur, le curé, le rabbin, qui vous voulez, essayent de donner du sens à la vie. Ils font pas le même travail, c’est justement ça la laïcité que de reconnaître qu’ils font pas le même travail.
Y.C. : Voilà, l’instituteur c’est pour tout le monde, et le curé, le rabbin ou l’imam c’est pour certains, ceux qui croient.
N.S. : Ah ben ça peut être pour tout le monde, ceux en tous cas qui le choisissent.
Je prends ensuite les infos. Fait divers tragique. Serial killer potentiel. Une suédoise de 19 ans a été tuée ce week-end. Elle sortait de boîte, la Scala. A été retrouvée morte 1 h 30 plus tard dans la forêt de Chantilly, quatre balles dans la tête, son corps en feu. Chauffeur de taxi présumé. Elle avait envoyé une fois dans la voiture un sms à une amie : "chauffeur de taxi bizarre". Deuxième fait de ce genre en peu de temps.
On a sa photo. Au moment où elle sort de la boîte, mignonne, blonde, dans une ambiance de boîte, peut-être un peu ivre, peut-être qu’elle venait d’embrasser quelqu’un, un peu échevelée, rouge, on sent sa peau chaude… bref, le look de quelqu’un qui sort de fête… une photo jet set, à la Gala bien que prise par un déclencheur automatique.
Scala. Rue de Rivoli.
1 h 30 plus tard c’est fini, c’est froid, la terre de la forêt, son corps carbonisé.
Bon sang ! Comment peut-on passer du tout au tout ainsi ! C’est horrible. Dans quel monde vit-on ?!
Festivité amis amour glamour / seule froid essence trous. La vie et la mort.
Je ne peux que penser à Barthes dans "La Chambre claire" qui s’émouvait de ce qu’est la photographie, dans le sens où quand elle nous montre quelqu’un de vivant, elle le montre à un instant T, et que cette seule image est d’une certaine violence si l’on pense à ce moment qui n’est plus, au temps qui passe. Cette photo d’elle, un instantané, 1 h 30 plus tard l’instantané n’a plus lieu d’être. Magie morbide de la photo…
Soirée d’images médiatiques donc. L’image et notre cerveau. La vue est le sens le plus utilisé par l’homme, le chien lui c’est l’odorat. Nous sommes bien un animal, mais doté aussi de réflexion… les chasseurs mettent de faux canards sur les lacs pour mieux plomber les vrais… attention.