5.12.07 : Rencontre
Rendez-vous avec Nina.
Je ne me souviens déjà plus de son visage. Pourtant on a passé toute le soirée, toute la nuit, ensemble. J’ai une silhouette mais pas les traits. Sauf pour la photo d’identité noir et blanc qu’elle m’a montrée, les cheveux attachés. Enfin si, je la "vois" quand elle est entrée dans le café. Ca faisait 15 minutes que je l’attendais, j’avais passé le bar en revue, bien regardé la fille qui attendais seule à une table, non elle n’y était pas. Et puis je l’ai vu, à travers la bâche transparente de la terrasse, dans la nuit. Je me suis alors dit qu’elle ressemblait plus à sa jumelle – telle que je m’en souviens – que je ne pensais. Puis j’ai été surpris par son pas, rapide, et son allure, expressive. Dans mon souvenir elle était plus réservée. J’étais proche de l’entrée, je lui ai souri. Au début je faisais des pauses régulièrement dans la discussion, je me suis excusé pour dire que ça me faisait vraiment bizarre, que je ne réalisais pas.
Pot, restau... Bel endroit, belle lumière, jaune, rouge, blanc. Bon vin. Bonne assiette mais pas trop concentré dessus, même pas un appétit incroyable. Cloche, "dernier verre !". Chaises empilées. Devant chez elle.
Monter prendre un thé ? Oui.
Cinquième sans ascenseur. Pas grave.
J’hésite à lui parler du sixième sans ascenseur de mon enfance qu’elle connaissait pourtant, de "son" troisième sans ascenseur que j’avais connu, mais non, bref, j’ai un esprit d’escalier. Nous voilà arrivés.
Vin toujours. Photos de sa sœur, enceinte. Belle. Autres photos. Nina est photographe et en parle avec un grand naturel, une approche décontractée qui me plaît.
On entrelace présent et passé, surtout moi je crois, je reviens à la charge avec mes souvenirs, ça doit me faire plaisir.
20 ans d’absence… Un pont qu’on met 20 ans à traverser. Je ne sais pas où on est une fois arrivé. En terrain connu. Et en même temps… C’est troublant. Nous avons été l’un pour l’autre – et j’ignorais que pour elle ça avait été aussi le cas – importants. Ca me touche à rebours. Et ça me touche aussi maintenant. Comme si ça embellissait et fortifiait le socle sur lequel je tiens.
La proximité qu’on avait on la ressent – forcément ? – toujours, c’est drôle. On a parlé de tout ça.
Le jour n’allait pas tarder à poindre, j’avais une journée chargée en prévision, alors je l’ai quittée. On s’est dit qu’on se verrait bientôt.