1/10.8.07 : Repos
Vacances en Corse avec Pascale. Deuxième fois. Dans un tout petit village avec plein d'histoires. On était dans la dernière maison, après c'est un petit chemin qui va à la mer sur lequel je suis sûr d'avoir trouvé des silex taillés par des hommes préhistoriques même si Jeannot, le faux expert des lieux, dit que non ça n'en est pas.
Il a fait très beau. C'est très au sud, c'est à la même latitude que Rome.
Sur la plage j'observe ce rocher, Pascale quand elle était petite trouvait qu'il ressemblait à Mickey de profil qui regarde la mer, allongé. Je trouve qu'elle a raison. Pascale voit souvent des bonhommes un peu partout. Quand on est parti en Crète elle me parlait avec évidence de la forme de bonhomme de l'île. C'est vrai, si on a un peu d'imagination et qu'on la regarde de côté, on peut y voir une tête... Pascale, elle, l'avait repérée depuis toujours, et je crois que ça lui faisait un petit quelque chose d'être là, ça l'amusait. Notre hôtel était donc juste avant la narine... mais heureusement nous n'avons pas entendu ronfler.
Dans l'eau, quand je plonge avec mon masque je vois des poissons, mais quand je ne le mets pas je ne les vois pas alors qu'ils sont gros et à portée de main ; ça me perturbe un peu.
Au village, le boulanger vient en camionnette vendre son pain. Il s'annonce par un klaxon, il sonne plusieurs fois car il y a plusieurs parties au village. Le boucher fait pareil. Les gens sortent de leurs maisons et se mettent en file devant l'étal. Pascale et Muriel disent que quand elles étaient petites les vieilles femmes leur passaient devant en faisant un grand sourire.
Le boulanger passait aussi en camionnette quand j'étais en vacances chez mes grand-parents, dans l'Indre. Le klaxon me rendait fou, c'était un rendez-vous que je me faisais pour devoir de ne pas manquer. Dès que j'entendais la sonnerie je courais appeler ma grand-mère si elle était dans le jardin. Déception quand le pain avait déjà été acheté. Entrée en scène ratée quand j'ouvrais la porte trop tôt et que le camion était encore à l'étape d'avant, à 50 mètres et que les autres voisins payaient. Comme si j'avais ouvert le mauvais livre pour lire mon histoire préférée.
À table. On parle d'Antonioni qui vient de mourir. La mère de Pascale parle de la rencontre du réalisateur avec Woody Allen. Ce dernier est fan d'Antonioni et tient beaucoup à le rencontrer, leurs femmes respectives se connaissent, à New York elles organisent un rendez-vous. L'entrevue se fait dans un grand hôtel. Ils se serrent la main. Les femmes les mettent à l'aise en engageant la conversation, en parlant de tout et de rien. Les deux hommes ne s'adressent pas un mot. Le lendemain, chacun dira à sa femme qu'il a été enchanté de la rencontre. Là-dessus, Marie-Paule - une amie du village qui déjeunait avec nous - dit : "ils sont vraiment d'un autre monde ces gens-là", je me tourne vers Pascale et lui dit en aparté que moi je trouve ça plutôt beau, elle me dit en souriant qu'elle aussi.
Sinon, on a raté la fête du village et donc l'élection de la "miss". On l'a vue en photo dans Corse Matin deux jours après, mais en fait elle n'est pas du coin. Il y a une tournée des plus belles filles de l'île de beauté dans toutes les fêtes de ce genre, un peu comme un cirque itinérant. Je pense que quand on est "miss" d'une vingtaine de bleds on peut prétendre à devenir "miss Corse"... Oui ça doit être un truc comme ça... Enfin, moi je préfère celle qui a eu le troisième prix.
Le soir, promenade au pont. On marche pendant 1,5 km sur la départementale, dans le noir. Parfois la lune éclaire bien la route, parfois on n'y voit à peine. On y va souvent avec des amis. Des groupes qui retournent au village nous croisent, "bonjour" sans se voir. Il peut y avoir des voitures également, qu'on entend venir de loin, alors quelqu'un crie "voiture !", tout le monde se range sur le bord de la route et quelqu'un éclaire le sol avec une petite lampe de poche pour que le conducteur nous repère. Une fois arrivés au pont (un parapet en pierre dans un virage), on s'assoie dessus quelques instants en discutant. Devant nous il y a une vallée de maquis qu'on devine dans la nuit. Au-dessus, les étoiles. Christophe dit que les gens s'arrêtent au pont parce qu'il y a un courant d'air chaud. Je ne sais pas. Puis quelqu'un propose de rentrer, et on rentre.
À mon avis, personne n'a jamais marché plus loin que le pont.