10.11.07 : Le Sourire de Mickey
Vu hier soir la pièce "Et balancez mes cendres sur Mickey" de Rodrigo Garcia au théâtre du Rond-Point, qui fait suite à "J’ai acheté une pelle Ikea pour creuser ma tombe". Même recette que d’habitude, pas d’histoire, des constats sur notre monde dit par des comédiens comme s’ils nous parlaient. Un théâtre direct, une sorte de performance. Aujourd’hui je pense beaucoup au texte de cette pièce. Comme je pourrais penser à d’autres textes de Garcia. Ils me trottent dans la tête : le lac que tu vois d’avion, qui te semble magnifique et que finalement, une fois au sol, tu vois entouré de baraques à frites et envahi de planches à voile… Ce que tu touches toujours de manière utilitaire – l’objet qui "sert " à quelque chose – et jamais de manière désintéressée – l’écorce d’un arbre, un corps… La morale qui nous rend tristes et violents… La beauté qui peut éventuellement s’immiscer mais dans nos faux pas, et non dans nos actes calculés…
Bien sûr que ça résonne, ce sont des évidences mais ça fait du bien de l’entendre, de le voir ainsi. Le ton de la pièce est assez mélancolique alors que ses précédentes mises en scène étaient plus punchy. Pascale dit que le mal du moment c’est la perte du militantisme, Garcia porte ici un regard toujours aussi acerbe sur notre société mais pousse moins à la révolte, les choses sont dîtes en un constat amer où la fatalité semble l’emporter, sans violence – "baissez votre arme" semble-t-elle dire à ceux qui s’insurgent, qui s’exécutent.
Au milieu de la pièce, une fille arrive sur scène, elle s’assoit. Elle a les cheveux longs. Un des acteurs les lui coupe courts. Un autre vient ensuite la tondre. Dix minutes plus tard elle est rasée. Pour de vrai. Les acteurs entre-temps ont parlé de violence, de manière engagée mais dégagée. La fille quitte la scène. Les choses sont ainsi.